Clip Chat malicieux
Poursuivant son exploration stylistique de l’iconographie animalière entreprise depuis les années 1940, Van Cleef & Arpels crée, en 1953, le clip Chat noir, surnommé plus tard « malicieux ».
Ce clip témoigne de cet aboutissement stylistique et annonce la prolifique série de clips animaliers de la Boutique. L’exemplaire ici reproduit est une réédition contemporaine, avec quelques modifications, du modèle original des années 1950. Le corps de l’animal est composé d’un cabochon d’onyx ovale inséré dans une monture en or jaune godronné ; sa tête en or jaune est gravée pour évoquer les stries du pelage. L’un de ses yeux est figuré par une émeraude sertie en clos rehaussée d’une paupière pavée de diamants taille brillant, tandis que le second est seulement évoqué par une ligne ajourée dans le métal, qui confère à l’animal une grande expressivité : le chat semble nous adresser un clin d’œil. Son museau, en relief, est souligné d’un rubis rond et une paire de quatre moustaches en fils d’or jaune complètent sa tête. Les deux pattes arrière, sur lesquelles il se dresse, ainsi que ses oreilles sont modelées en or jaune poli. Enfin, sa queue, qui s’enroule à partir du cabochon d’onyx, présente un traitement de gravure similaire à celui de la tête.
La simplification formelle des clips animaliers
Les dessins préparatoires des clips animaliers des années 1940 et 1950 témoignent d’une variété d’expérimentations formelles et matérielles, possibles grâce à des études relativement coûteuses. Des changements sont opérés sur la production des prototypes afin de réduire le « prix de répétition » et donc le coût final de la pièce, destinée à une clientèle plus large.
Le Chat malicieux connaît de légères variations stylistiques. La première ébauche, réalisée en décembre 1953, présente des oreilles cerclées de brillants, un œil orné d’un cabochon ovale aux plus grandes proportions, quatre membres simplifiés en virgules d’or poli et une queue prenant la forme d’une volute non détaillée. Quelques mois plus tard, une paupière en diamants vient agrémentée l’œil du félin, dont la face apparaît plus arrondie et le pelage davantage restitué. Seuls les deux membres inférieurs sont conservés afin de suggérer la silhouette féline.
Les codes des comic strips et animated cartoons
La Maison emprunte aux comic strips et animated cartoons l’exagération des proportions anatomiques et les expressions humaines des figurines animales. Loin d’être une copie de personnages connus, ces petits animaux imaginés par la Maison assimilent les codes et l’efficace simplification formelle développés par les dessinateurs de cartoons. De ces premiers essais va naître une série de bijoux animaliers qui, par ses références à la culture populaire, élargira la clientèle de la Maison.
Le succès que connaîtront ces « bijoux jeunes », des années 1950 aux années 1970, sera à l’origine d’une nouvelle manière de commercialiser la bijouterie, avec un vocable publicitaire spécifique et un espace dédié : la Boutique située 22, place Vendôme. En cela, le Chat malicieux marque l’entrée créative et commerciale de Van Cleef & Arpels dans la seconde moitié du XXe siècle.