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L’Exposition coloniale internationale qui se tient à Paris, de mai à novembre 1931, invite le visiteur à la découverte de pavillons installés dans le bois de Vincennes, dont les architectures sont des évocations de celles du Cameroun, de l’Algérie ou encore de l’Indochine.

Cet événement s’inscrit dans un long héritage, issu du XIXe siècle, de représentations de cultures extra-européennes telles que perçues par l’Occident. De nombreuses œuvres africaines ou asiatiques présentées lors de ces manifestations seront à l’origine d’un profond renouveau dans le monde des arts en Europe.

Publicité Van Cleef & Arpels, 1931.

La représentation des arts asiatiques et africains dans la joaillerie

Au sein de l’Exposition coloniale de Paris se dresse également un Palais des industries, qui comporte des sections dédiées à la joaillerie, orfèvrerie, ferronnerie d’art et aux articles dits de Paris – à savoir les classes 94 et 95. Les joailliers ont puisé autant dans le répertoire iconographique asiatique, à l’instar de la parure dite au « Chapeau chinois » créée par Van Cleef & Arpels, qu’ils ont « emprunt[é] aux arts africains1Henri Clouzot, Les Arts précieux à l’Exposition coloniale, [s.l.n.d.], 1931, p. 16. » dans les matières et le rendu des volumes.

1931

Parure au « Chapeau chinois »

L’histoire de la parure

Il en va ainsi d’un collier Fantaisie présenté par la Maison à cette occasion, « en or de trois couleurs –⁠ jaune, rouge et blanc ⁠– bandes d’ivoire à motifs gravés en zigzag et boules de corail gravées à leur terminaison ». Ce collier est accompagné « de pendants d’oreilles » et d’un « bracelet fantaisie » de facture similaire. S’ajoutent à cette parure un collier, dans lequel alternent des rondelles d’ivoire, d’osmior et d’or jaune avec des boules de corail, ainsi qu’une paire de pendants d’oreilles suspendant à un anneau en or jaune des boules et poires de corail séparées par des motifs en osmior et or. Dernière pièce de cet ensemble, un collier en cordon sur lequel sont enfilées des perles de corail, des rondelles d’or jaune et des boules d’ivoire gravées.

Pancarte-produit de bijoux « fantaisie », 1931.

Pancarte-produit de bijoux « fantaisie », 1931.

Pancarte-produit de bijoux « fantaisie », 1931.

Les bijoux fantaisie résultant de la crise financière

L’utilisation de matières telles que l’ivoire ou le corail n’est pas uniquement liée à un désir de l’ailleurs. Ces matériaux figurent parmi les moins onéreux des arts joailliers, ce qui explique l’ajout du mot « fantaisie », accolé à ces bijoux. Le krach boursier du 24 octobre 1929 a profondément altéré le monde de l’industrie joallière. De ce fait, seuls vingt-trois joailliers figurent à l’Exposition coloniale « en raison de la crise économique et financière qui affect[e] le monde entier2Henri Clouzot, Les Arts précieux à l’Exposition coloniale, [s.l.n.d.], 1931, p. 7. ».

Tour de cou Fantaisie, 1930. Osmior, saphirs, cristal de roche, émail, cuir et diamants, 340 × 23 × 5 mm.

Vers le modernisme

Comme le souligne la presse d’alors, les créateurs « [ont] su tirer des formes et des couleurs nouvelles3Henri Clouzot, Les Arts précieux à l’Exposition coloniale, [s.l.n.d.], 1931, p. 16. » des productions artistiques extra-européennes. L’Exposition coloniale marque une rupture avec les Expositions de 1925 et de 1929. Aux compositions géométriques qui célébraient la ligne droite et l’association du diamant, monté sur platine, aux saphirs, rubis ou émeraudes, se substituent désormais des bijoux aux volumes affirmés, où courbes et sphères s’imposent sous forme de billes ou de cylindres en ivoire, corail ou jade flanqués d’or jaune. Cette manifestation donne à voir les premiers pas de la Maison vers le modernisme.

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