Minaudière Impératrice Eugénie
Avec son couvercle au décor inspiré du célèbre portrait de L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, réalisé par Franz-Xaver Winterhalter, en 1855, cette Minaudière fait clairement référence au style du Second Empire.
Si les techniques joaillières et les dimensions de la Minaudière ne permettent pas de rendre chaque détail de la composition du peintre, les postures des personnages témoignent de la fidélité à l’œuvre originale. L’arrière-plan boisé du tableau est finement restitué par un traitement en gravure qui couvre l’ensemble du couvercle en or jaune, tandis que chaque figure féminine, toutes regroupées au centre de la boîte, se distingue par sa parure. Chacune est vêtue « à la mode 1860 ». Les jupons à crinoline sont tantôt suggérés par une dentelle d’or jaune piquée de diamants, rubis et émeraudes, tantôt entièrement couverts de diamants ovales sertis griffes. D’autres encore font alterner rangs de saphirs et festons en or jaune, ponctués de diamants taille brillant en serti étoilé ou volants en or jaune poli et rangs de rubis. Les visages sont figurés par un unique diamant taille rose, couronné soit de rubis soit de saphirs circulaires, symbolisant les coiffures enrubannées. La composition s’inscrit dans un cadre gravé, interrompu dans le registre inférieur par un cartouche accueillant une référence explicite à l’œuvre : « Empress Eugenie and the Ladies of Her Court [/] by – F. Winterhalter ».
Les Minaudières à décors figuratifs
Si dans les années 1930, les décors des Minaudières se limitaient majoritairement au fermoir, cet exemplaire de 1942 est à l’image des productions contemporaines qui elles aussi présentent des décors figuratifs sur leur couvercles. Cette boîte date en réalité de 1941 ; dans sa première version, elle comportait deux fleurs en platine et diamants. Produite à l’origine pour la clientèle américaine, elle répondait à son goût prononcé pour le Second Empire.
Le retour du style Second Empire
Dans les années 1940, une vague historiciste, faisant référence aux arts de la seconde moitié du XIXe siècle, déferle dans la mode et la joaillerie. Tandis que « le Second Empire […] apporte ses crinolines1Anonyme, « Panorama des lignes et couleurs dominantes des collections », Album de la mode du Figaro, n°2, été 1943, p. 70-71. », inspirant des robes généreusement juponnées ou à paniers, « les colliers montés en rosaces [et] les bracelets imitant le tissu se souviennent qu’Eugénie de Montijo fut impératrice des Français2Anonyme, « Bijoux nobles reflets », Album de la mode du Figaro, n°1, hiver 1942-1943, p. 70. ». La silhouette bouffante de la crinoline se retrouve aussi bien chez le couturier Marcel Rochas3Anonyme, « Panorama des lignes et couleurs dominantes des collections », Album de la mode du Figaro, n°2, été 1943, p. 70-71., que dans les robes richement brodées, Junon et Vénus, réalisées en 1949 par Christian Dior4Natasha Fraser-Cavassoni, Christian Dior. Couturier du rêve, cat. expo., Paris, MAD (5 juillet 2017-7 janvier 2018), Paris, musée des Arts décoratifs, 2017, p. 94..
Cette Minaudière de 1942 est l’un des premiers témoignages du retour en grâce du style Second Empire en France, retour qui se maintiendra jusqu’au début des années 1950 dans certaines créations de la Maison Van Cleef & Arpels.