Double clip
Témoignage du goût pérenne pour les bijoux transformables, initié dès les années 1930, ce double clip de 1941 souligne le besoin persistant de se singulariser dans l’art de se parer. Comme son nom le suggère, ce bijou est composé de deux clips réunis par un système de pince à ressort afin de former une broche.
Le premier clip est orné d’un motif de spirale à deux rangs, l’un pavé de diamants, le second de saphirs calibrés, s’enroulant autour d’un diamant de centre taille brillant en serti griffes. À partir de ce motif, se déploient des rubans de platine formant des enroulements d’une remarquable souplesse, laissant par endroits entrevoir l’avers. Ils sont alternativement pavés de brillants, sertis de baguette ou de saphirs calibrés. Le second clip est agrémenté de rubans qui semblent s’enrouler au dos de la pièce ; deux d’entre eux se déploient avec légèreté autour d’un diamant en serti griffes.
Le succès des bijoux à transformation dans les années 1940
Le double-clip s’impose parmi les bijoux à transformation dans la première moitié du XXe siècle et rencontre un vif succès dans les années 1940, tout comme les double-clips des années 1930 : « Le bijou à transformation, qui compose de merveilleuses parures, caractérise assez bien notre époque ingénieuse », il offre une « simple parure [pour une] petite robe de ville, tandis que le motif s’accroche au revers du manteau de fourrure1Paule Malardot, « Les beaux bijoux », L’Aurore, 21 décembre 1946, p. 2. ».
S’il répond à ce désir d’adaptabilité, ce modèle de 1941 se distingue par sa composition asymétrique, ses lignes souples et le rendu des volumes soulignés par le contraste des gemmes. Les doubles clips des années 1930 présentent souvent un décor symétrique, dont l’articulation permet le détachement des deux pièces. Mais la pièce ici illustrée s’articule, quant à elle, autour d’un motif de centre présent uniquement sur l’un des deux clips. Ce double clip se singularise également par les volutes des rubans particulièrement aériens.
Le réemploi de pièces anciennes
Conçu à partir d’un bijou fourni par un client, ce double clip permettait le réemploi de trente-cinq saphirs, trois cent quatre-vingt-huit diamants brillants et trente baguettes. Cette création témoigne également des débuts de la production américaine de Van Cleef & Arpels, initiée en 1939 et qui ne cessa de croître à l’aube de la décennie suivante, tandis que le marché parisien s’essoufflait durant l’Occupation.