Double clip
Avec « sa forme tout à fait nouvelle1Anonyme, « La parure beauté de la femme », Femina, janvier 1935, p. 26. » en demi-cercle évoquant un éventail, cette pièce illustre un type de bijou caractéristique des années 1930 : le double clip. Elle est composée de deux parties identiques qui, grâce à un ingénieux système de fermoir à ressort, peuvent se détacher.
Les deux clips peuvent être portés individuellement ou ensemble, ils forment alors un seul et même bijou grâce à leur dessin symétrique. La partie centrale est soulignée d’un double rang de diamants taille baguette, qui se transforme en quatre rubans. Ces derniers s’enroulent au sommet de la pièce en une série de boucles sous lesquelles se déploie un éventail de rubis ovales gradués. Les gemmes sont serties sur griffes afin d’ajourer la composition et de faire disparaître la monture, renforçant ainsi l’éclat des rubis.
L’alliance de la robe et du bijou
Ce double clip témoigne de l’« alliance de la robe et du bijou2Martine Renier, « Le charme de la parure, bijoux de Paris », Femina, juillet 1934, p. 37. », et ce à plus d’un titre. Les jeux de draperies et d’enroulements stylisés de ce clip font écho aux robes « sculptées » par Madame Grès conçues à la même époque3« Je voulais être sculpteur. Pour moi, c’est la même chose de travailler le tissu ou la pierre », citation extraite de Olivier Rometti et François Carrassan, Alix Grès. L’énigme d’un style, cat. expo., Hyères- les-Palmiers, Villa Noailles, Étampes, L’Or des îles, 1992.. Si les clips des années 1930 conservent une certaine stylisation propre à l’Art déco de 1925, ils délaissent néanmoins une stricte géométrie pour des formes au dessin plus souple.
Le goût pour les bijoux à transformations
Si l’art du costume et les textiles offrent un répertoire iconographique aux joailliers, ceux-ci imaginent aussi, dans un mouvement de retour, des bijoux « adaptés à la forme des robes, [qui] se placent aux deux extrémités d’une encolure allongée [ou qui] retiennent les plis d’une ceinture ». C’est ainsi que « le décolleté drapé a fait naître le clip4Martine Renier, « Le charme de la parure, bijoux de Paris », Femina, juillet 1934, p. 37. ». Cette création bijoutière va de pair avec un intérêt croissant pour les pièces transformables dans les années 1930. Ils sont à la fois pratiques et permettent de distinguer une silhouette, en témoigne la presse spécialisée : « Il semble que les femmes de notre temps reconnaissent en lui le bijou type qui convient à notre époque5Femina, avril 1934, p 29.. »