Collier Zip
Véritable tour de force technique, le collier Zip, créé en 1950, constitue un parangon créatif de la Maison Van Cleef & Arpels. Le principe de la fermeture à glissière, inventée aux États-Unis au milieu du XIXe siècle pour être essentiellement appliquée à l’industrie textile à des fins fonctionnelles, est ici transposée en un précieux ornement bijoutier.
Les crémaillères en or jaune sont bordées d’une maille proche d’un tissu sergé. Un rang de diamants taille brillant et de motifs polylobés ourle le collier. Le curseur, serti de brillants, s’achève par un gland de passementerie en or jaune godronné et ourlé de diamants, complété de chaînettes souples en métal. Ce dernier coulisse pour former soit un collier soit, après avoir ôté le tronçon arrière, un bracelet.
L’introduction de la Fermeture Éclair® dans la mode et la joaillerie
La première adaptation de fermeture à glissière en bijou apparaît dans les productions de la Maison dès 1938. Cette année-là, Elsa Schiaparelli osait, quant à elle, ajuster ses robes du soir par des Fermetures Éclair®1Anonyme, « Trois grands drapés », Femina, janvier 1938, p. 63. et Van Cleef & Arpels déposait un brevet pour une « fermeture rapide ornementée ».
Cette invention est mise en application l’année même du dépôt dans une pièce réalisée en platine et diamants taille baguette. L’ornement retenu pour cette première Fermeture « Éclair » est un ruban pavé de brillants noué autour du curseur. Un autre modèle est également confectionné pour fermer « pudiquement2Anonyme, « Échos des demi-collections. Une petite robe de 130.000 francs », Le Figaro, 30 mai 1939, p. 8. » une robe d’après-midi du couturier Robert Piguet.
Il faudra toutefois attendre l’année 1951 pour qu’un second brevet soit déposé3Brevet pour un « Bijou à transformation et fermeture à curseur pour ce bijou et toutes autres applications », n°1042.343, déposé par A. Pery & Cies le 20 septembre 1951. Paris, Archives de l’INPI., perfectionnant la première invention afin de former un collier. Ce dernier peut se transformer en bracelet par un « système de lames amovibles ». Cette nouvelle version du Zip, expérimentée dès 1950, s’accompagne de clips à partir d’octobre 1951, puis de motifs d’oreilles le mois suivant, pour composer une parure.
Les variations chromatiques et techniques
Le collier Zip connaîtra de nombreuses variations, tant pour les matériaux utilisés que pour le motif. Si la Fermeture « Éclair » de 1938 est conçue en platine et diamants, la majorité des colliers créés à partir de 1950 sont fabriqués en or jaune, sertis de diamants et de rubis. Un unique exemplaire de 1952 renoue avec la première version du Zip, composé de platine, osmior et diamants.
Les premières pièces s’ornent d’une maille reproduisant un tissu sergé, s’inscrivant pleinement dans les recherches en or jaune d’imitation textile entreprises par Van Cleef & Arpels depuis les années 1940.
Dès septembre 1951, la Maison applique au Zip une autre maille, dite « tissu en briquette », utilisée dans les bracelets Ludo depuis 1934. Des variations sont opérées sur les ornements bordant la fermeture, jouant sur le nombre de lobes en torsade d’or jaune et leur disposition. L’emploi du diamant et du rubis laisse aussi ponctuellement la place à des compositions polychromes, complétées de saphirs et d’émeraudes.
Dans ses diverses variations, le collier Zip puise dans le répertoire créatif des productions de la Maison, se parant tour à tour des motifs en navette des bijoux Chantilly ou des couleurs choisies pour représenter les régions Normandie et Picardie. Pour ces deux derniers, la calotte du curseur s’orne d’un pavage de gemmes assorties. Produit durant dix ans, avant d’être réédité dans les années 1990, le collier Zip demeure encore aujourd’hui une source d’innovation pour les ateliers Van Cleef & Arpels.