Collier Broderie indienne
Ce collier, modifié en 1970 suite à une commande spéciale, résulte de l’association d’un bracelet et d’une partie d’un collier dit en « broderie indienne » fabriqué en 1950.
Si la typologie originale a été transformée, il n’en reste pas moins que le dessin de cette pièce relève totalement du style des années 1950. Le bracelet et le collier d’origine s’inscrivaient pleinement dans les recherches exploratoires du répertoire ornemental indien menées par Van Cleef & Arpels depuis les années 1920. Le tour de cou forme une dentelle ajourée composée de trois rangs de fleurettes. Le cœur de chaque motif présente un rubis ou une émeraude circulaire en serti clos. Les pétales, en or jaune poli, sont chantournés par un fil d’or jaune torsadé. Des diamants montés en serti griffes sur platine relient entre elles les fleurs. L’ensemble est monté sur des maillons qui offrent une trame d’une grande souplesse épousant les courbes du cou.
L’influence de l’Inde
Bien que très stylisées, les fleurettes qui animent ce collier ne sont pas sans rappeler le luxuriant vocabulaire décoratif indien. En outre, l’association des rubis, des émeraudes et des diamants avec l’or jaune évoque fortement la polychromie de la bijouterie indienne, favorisée par la richesse gemmifère du pays. Cette interprétation adopte toutefois une sensibilité différente en ce début des années 1950, traduisant une nouvelle approche stylistique, fruit du premier voyage que réalisèrent Pierre et Claude Arpels dans la péninsule sud-asiatique en 1947.
Le périple indien des frères Arpels
Les frères Arpels entreprendront pas moins de dix voyages en Inde1Christy Fox, « Claude Arpels: Living Proof of Renaissance Man Theory », Los Angeles Times, 12 mai 1969, n.p., que Claude Arpels racontera dans L’Aventure joaillière2Claude Arpels, L’Aventure joaillière, 1956, Paris, Archives Van Cleef & Arpels.. Il y fait un récit onirique de leur périple qui va de Bénarès, la ville sainte du Gange, jusqu’à la « rose Jaipur ». Lors de ce séjour, tous deux se mettent en quête des « fabuleuses pierres précieuses drapant de légendaires maharadjas ». Ils sont émerveillés par les « robes safran » et la richesse chromatique des « marchés et bazars ». Ils notent « les brocarts d’or et de soie », qui sans doute inspirèrent la broderie indienne de ce collier de 1950.
Les échanges créatifs entre l’Inde et la France
Très admiratif des œuvres joaillières indiennes, Claude Arpels souhaitait favoriser les « échanges réciproques d’idées » entre l’Inde et la France. Si Balmain utilisait déjà des tissus indiens, Claude Arpels incita Christian Dior à faire de même3Christy Fox, « Claude Arpels: Living Proof of Renaissance Man Theory », Los Angeles Times, 12 mai 1969, n.p.. Outre les gemmes, il rapporta en France des « pièces de joaillerie » qui ravivèrent le goût pour les formes et les couleurs des arts de l’Inde4Anonyme, « Diamond King in Bombay », Gateway Gossip, février 1957, p. 23.. En ce sens, Claude Arpels contribua à l’engouement renouvelé pour l’Asie centrale à partir des années 1950.