Tour de cou Fantaisie
Détails de la création
Ce tour de cou Fantaisie illustre à la fois les nouvelles esthétiques qui émergent au début des années 1930 et l’arrivée du courant moderniste dans les créations Van Cleef & Arpels. La première singularité de cette pièce est sa typologie même.
Le tour de cou désigne un ornement se portant au milieu du cou et non à la naissance de la gorge, comme la grande majorité des colliers. Autre singularité, ce bijou est composé d’un lien de cuir bleu, matériau peu usité pour des pièces de bijouterie. Sur ce dernier sont disposés des motifs rectangulaires à gradin en osmior, rehaussés d’émail noir afin de souligner leur géométrie, et ornés sur leur terminaison d’un cabochon de saphir – précieux rivet retenant un élément décoratif semi-circulaire en cristal de roche.
La bijouterie moderniste
Ce collier s’inscrit dans une vaste série de tours de cou, tous produits en 1930. Ces pièces offrent une grande diversité de formes géométriques à laquelle répond la variété chromatique de pierres ornementales ; leurs motifs sont majoritairement en or jaune sertis de cabochons de rubis. Couleurs et volumes apparaissent deux préoccupations majeures des bijoutiers de l’Union des artistes modernes. Ces derniers reconsidèrent le métier du joaillier en insistant sur son sens artistique : « Pour être un joaillier-créateur, il faut être un peu peintre, sculpteur et même architecte. 1Raymond Templier, « L’art de notre temps », Revue de la Chambre syndicale de la bijouterie, de la joaillerie, de l’orfèvrerie de Paris et des industries qui s’y rattachent, 1928, p. 15.»
Des bijoux dits « fantaisies »
Cette révolution esthétique s’opère sur fond de krach boursier, survenu en octobre 1929 2Anonyme, « La situation économique au début de 1930 », Revue de la Chambre syndicale de la bijouterie, de la joaillerie, de l’orfèvrerie de Paris et des industries qui s’y rattachent, 1929, p. 13., qui bouleverse totalement l’économie mondiale, notamment l’approvisionnement en matières nobles et précieuses. Ce phénomène motive les artistes, qui doivent faire preuve d’une grande inventivité pour s’adapter. Désormais, le qualificatif « fantaisie » et l’emploi de matériaux moins onéreux, tels que le cuir, l’osmior ou les pierres ornementales, prennent tout leur sens.
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