Clip Pivoine
Le clip Pivoine cristallise, avec le clip Chrysanthème, l’émulation créative et surtout technique à l’origine des prouesses joaillières des années 1930.
Avec cette pièce, la Maison Van Cleef & Arpels répond au défi majeur posé par les évolutions de « la parure du XXe siècle », dont « la monture n’est plus qu’un canevas invisible pour les broderies de gemmes1Henri Clouzot, Les Arts précieux à l’Exposition coloniale, Paris, Imprimerie de Frazier-Soye, 1931, p. 12. ». Sur un ensemble de branches en diamants calibrés et de feuillages en platine sertis de brillants animés d’une délicate torsion, repose une tête de pivoine à demi éclose. Son cœur accueille six rubis taille ovale qui soulignent la profondeur et le volume de la fleur. Autour, se déploient des pétales ourlés d’or jaune, composant de grandes plages monochromes serties de rubis. Ces amples surfaces empierrées sont désormais possibles grâce à la mise au point, en 1933, d’un nouveau système de sertissage des gemmes : le Serti Mystérieux.
L’Exposition internationale de 1937
Exemple virtuose de cette innovation, le Serti Mystérieux – « née sous le signe du raffinement et de la couleur2[P. H.], « Informations », Le Figaro, 6 août 1937, p. 2. », le clip Pivoine est tout naturellement choisi pour représenter Van Cleef & Arpels à l’Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne de Paris, en 1937. Placé au centre de la vitrine du stand de la Maison, il est présenté avec le clip Chrysanthème, créé la même année.
Un bijou transformable
L’un des gouachés préparatoires de cette pièce nous apprend que celle-ci avait été initialement conçue autour de quatre pivoines et qu’elle était transformable en trois clips. Cette idée du bijou transformable, tout comme le traitement naturaliste du gouaché, révèlent la citation évidente aux traînes de corsage. À ce titre, le clip Pivoine s’inscrit pleinement dans l’héritage de la joaillerie du XIXe siècle.
Une création acquise par la famille royale égyptienne
Jouissant du rayonnement et du prestige de sa première présentation à l’Exposition universelle, l’une des deux pivoines de ce double clip est acquise, en 1946, par la famille royale égyptienne. En février 1950, le clip est remis aux ateliers Van Cleef & Arpels pour réparation à la demande de la princesse Fawzia. Cette même année, il orne le manteau de la princesse lors d’une représentation au Théâtre royal de l’Opéra du Caire.
Clip Pivoine
Témoignage de l’une des plus grandes innovations techniques de l’histoire de la joaillerie, cette pièce iconique intègre la Collection de la Maison en 1985, avant d’être mise en lumière, en 1992, lors de la première exposition rétrospective consacrée à Van Cleef & Arpels, au Palais Galliera.