Clip Dentelle
Évoquant le dessin et les plis d’une cocarde en or jaune, ce clip Dentelle de 1943 illustre l’emprunt de motifs issus du costume dans les arts bijoutiers durant la Seconde Guerre mondiale.
Dans cette pièce, le métal imite la structure ajourée d’une dentelle à bords festonnés, piquée de diamants ronds en serti clos. La fine résille est parsemée de motifs floraux stylisés. La composition se déploie autour d’un cœur semi-sphérique serti de diamants ronds montés sur griffes.
La technique du repercé
L’usage du motif de la dentelle suggère la souplesse d’un textile avec ses contours irréguliers. Sous l’impulsion du courant moderniste, la bijouterie connaît dès les années 1930 un renouveau et le métal, notamment l’or jaune, est particulièrement apprécié pour ses qualités propres, dénué de tout empierrement. Les métaux précieux font l’objet de multiples expérimentations afin, entre autres, d’imiter des trames textiles. La technique du repercé consiste à ajourer des plaques de métal à l’aide d’un bocfil afin de découper avec précision la matière et d’en dégager des trames quadrillées. La première œuvre illustrant cette technique est un clip « jabot » daté de juin 1939. Suivront de multiples rubans offrant un vaste répertoire d’arabesques et d’ornements floraux, ainsi que des cocardes, dites « motifs choux ». Ces rubans se retrouveront également dans les clips Bouquets, leur conférant souplesse et volume.
LES CLIPS BOUQUET NOUÉS PAR DES RUBANS
Le bijou devient décoratif
« Frère noble des semis paillettes, des boutons travaillés » au point d’en adopter la forme, « le bijou n’est plus ce signe ostensible de la richesse que l’on portait malgré qu’il n’allât point avec la robe : il est devenu l’accessoire élégant qu’on […] fixe sur cette robe […] pour ce qu’il lui ajoute de décoratif »1Anonyme, « Points de mire », Silhouette, 1947, n.p.. La réapparition d’un riche vocabulaire figuratif dans les arts joailliers au début des années 1940 coïncide avec le retour d’une certaine opulence ornementale dans la mode, « suppléant [ainsi] à la pauvreté provisoire des tissus2Anonyme, « En détails… », Album du Figaro, printemps 1945, p. 144-145. ». « Le génie de l’invention […] a insufflé aux couturiers […] mille et une garnitures qui, […] cette année, ornent les manteaux et les robes. » « Broderie[s] de perles ou de paillettes, applications […] fantaisistes »3Anonyme, « Recherches dans le détail », Album du Figaro, automne 1943, p. 81-84. en tissu, « chenilles, comètes de velours, lacets, soutaches, en un mot toutes les ressources de la passementerie [viennent souligner] les poches, les épaules, le long des devants, la ceinture et les revers4Anonyme, « Les détails dans la couture… », Album du Figaro, hiver 1942-1943, p. 66-67. ». Sachant manier l’art de l’illusion, les bijoux conçus durant la Seconde Guerre mondiale offrent un riche répertoire de formes et d’ornements pour contourner les contraintes matérielles de l’Occupation.