Clip Danseuse
Le motif de la danseuse de ballet classique, très rare dans les arts bijoutiers et joailliers, apparaît dès 1941 chez Van Cleef & Arpels. Le clip, ici présenté, est l’un des premiers exemplaires réalisés par la Maison.
L’élan chorégraphique est saisi dans son essence grâce au dessin pur de la silhouette, en platine et pavée de diamants taille brillant. Le traitement en pavage de pierres multiples du corps de la ballerine contraste avec son visage formé d’un unique diamant taille rose. Cette taille de diamant ancienne, associée au serti griffes, est également utilisée pour le tutu de la danseuse, composé de vingt-neuf pierres de poids variés. Il est souligné d’un rang de rubis ronds, qui enserre la taille, tandis que son revers est coloré d’émeraudes montées sur griffes en or jaune. La coiffe est, quant à elle, ornée de rubis et d’émeraudes circulaires.
Différentes versions de costume
Ce traitement richement empierré, que l’on retrouve sur d’autres clips Danseuse, est décliné d’un modèle à l’autre avec des variations dans les métaux et les pierres. Ainsi, l’or jaune est travaillé de manière à imiter les résilles textiles ou des sequins superposés, évoquant alors les paillettes brodées sur les tutus. La ballerine peut aussi arborer un tutu formé de rayons d’or jaune poli terminés par des brillants, à l’image des motifs des bijoux Tourbillons.
De nombreuses silhouettes
Tout comme leurs costumes, les silhouettes des danseuses offrent de nombreuses variations. Le pavage de diamants et le modelé du métal précieux composent de véritables « sculptures en or1Publicité Van Cleef & Arpels, Vogue US, décembre 1942. » jaune poli, dont les volumes restituent le mouvement saisi en contreplongée. Parfois, le dessin stylisé est privilégié : les bras et jambes de la ballerine sont uniquement suggérés par de petites lames d’or en légère torsion afin de mieux restituer élan et transport. Ce procédé est largement employé par la Maison pour des motifs figuratifs.
L’iconographie des ballets du répertoire classique
À la richesse des matériaux et à la variété des techniques de ces clips, s’ajoute en contre-point un foisonnant répertoire iconographique : celui des ballets classiques. Ce dernier va inspirer de multiples créations au sein de la Maison. Notamment, à partir de 1943, des poudriers ornés de décors inspirés du Lac des Cygnes, de Petrouchka ou encore de Raymonda.
Autre création majeure qui puise au même répertoire, en 1951, le collier Farandole2Nom donné au modèle de danseuses dans les archives de la Maison. est composé de onze ballerines de tailles graduées. La danseuse étoile Yvette Chauviré l’immortalise dans une publicité parue dans Vogue Paris en juin 1951. À cette occasion, elle porte également des motifs d’oreilles Tourbillons, preuve du même lien au monde de la danse de ces créations.
L’influence d’Edgar Degas
Si les premiers clips Danseuses conçus par la Maison évoquent l’univers du ballet classique, leur iconographie reflète aussi l’historicisme qui s’impose dans les années 1940. Les œuvres d’Edgar Degas intéressent particulièrement la famille Arpels, comme le signale une publicité affirmant : les « ballerines [Van Cleef & Arpels] sont inspirées par la grâce fluide des chefs-d’œuvre de Degas ». Le 17 décembre 1956, « le plâtre original de La Petite Danseuse de Degas [est] exposé sur la scène de la Salle Empire du Waldorf Astoria » à l’occasion d’un bal caritatif « organisé sous le patronage de Van Cleef & Arpels. »
Un large éventail stylistique
Si le ballet classique est particulièrement bien représenté parmi les créations de la Maison, les autres types de danses ne sont pas oubliés, parmi elles le swing ou encore des danses folkloriques ou traditionnelles. En 1942, un clip figure une danseuse hawaïenne de Hula et, en 1947, un clip Andalouse capture une danseuse de flamenco. En 1950, un clip Danseuse balinaise détaille les riches ornements et costume de cette culture.
DESSINS DE CLIPS DANSEUSE
De 1941 à 1954, les clips Danseuses, à travers leurs iconographies et les diverses techniques joaillières qu’ils mettent en œuvre, offrent un large éventail des évolutions stylistiques de la Maison. L’image de la ballerine réapparaîtra plus ponctuellement à la fin des années 1960, consécutivement à la rencontre entre George Balanchine et Claude Arpels, avant de retrouver un nouveau souffle dans les années 1980.