Clip Bouquet de fleurs
Combinant au style Art déco un certain retour à la tradition joaillière, qui émerge à la fin des années 1930, ce clip Bouquet de fleurs annonce un nouveau style qui s’imposera durant la prochaine décennie.
Le bouquet réunit par un lien deux fleurs accompagnées de rameaux et de feuilles en or jaune poli. Les têtes des fleurs sont composées d’un cœur pavé de rubis pour l’une et de saphirs pour l’autre, en serti griffes. Autour de ce cœur, rayonnent des pétales stylisés, en topazes pour la première et en aigues-marines pour la seconde. Les tiges, en or jaune, sont piquées d’efflorescences en rubis et saphirs ronds montés sur griffes.
Le retour au style figuratif
Le motif du bouquet de fleurs monté en broche est remis au goût du jour à la fin des années 1930 et se retrouve jusque dans les années 1940. L’art des joailliers témoigne alors d’un « style qui fait un retour à la nature1Anonyme, « Fleurs et reliefs », Vogue Paris, août 1936, p. 21. ». À « l’élégance […] sévère » et aux « bijou[x] géométrique[s] [et] abstrait[s]2Anonyme, « Bijoux nobles reflets », Album de la mode du Figaro, n°1, hiver 1942-1943, p. 70. » des années 1920 succède peu à peu un regain pour le figuratif. Même si la joaillerie Art déco n’avait pas totalement exclu les motifs floraux, ces derniers reviennent avec force sur le devant de la scène.
Une iconographie florale historisante
Hérité des devants et traînes de corsage des XVIIIe et XIXe siècles, le thème du bouquet s’inscrit dans le courant historiciste qui caractérise les arts joailliers et la mode de la fin des années 1930 aux années 1940. Le style dit romantique3Anonyme, « La soie pour le soir », Très Parisien, n°6, 1935, p. 10. des années 1930 remet à l’honneur les décolletés Second Empire4Anonyme, « L’appel des vacances », Très Parisien, n°6, 1935, p. 19. ainsi que les corsages 1830 portés sur des « robes de style5Anonyme, « La soie pour le soir », Très Parisien, n°6, 1935, p. 10. ».
La permanence d’une stylisation Art déco
Ces références aux modes d’hier sont néanmoins tempérées par la persistance d’une certaine stylisation typique de l’Art déco. Ainsi ici, les pétales, plutôt que d’être pavés de gemmes afin de suggérer une facture naturaliste, sont composés d’une seule et même pierre aux contours rectilignes. Par ailleurs, le platine, très apprécié depuis la fin du XIXe siècle mais froid, laisse dorénavant place à « l’or [jaune] éclatant et chaud6Anonyme, « Bijoux nobles reflets », Album de la mode du Figaro, n°1, hiver 1942-1943, p. 70. ». L’herbier joaillier se décline désormais dans une riche polychromie.