Bracelet
Créé en 1919, ce bracelet témoigne d’un style joaillier largement répandu et apprécié dans les années 1910 et 1920 : la joaillerie blanche. Composé d’un unique rang, en platine, il fait alterner motifs circulaires et polylobés.
Les premiers présentent en leur centre un diamant taille brillant en serti clos, ceint d’un rang de brillants en serti grain, tandis que les seconds se déploient en six lobes, chacun doté d’un unique brillant, autour d’une perle. Un diamant lie les maillons entre eux. Quant au fermoir, il est dissimulé par un ornement polylobé afin d’assurer la parfaite continuité du bracelet.
Le reflet d’un goût originel pour les gemmes
Dès les débuts de la Maison, en 1906, Alfred Van Cleef, fils de lapidaire et lui-même initié à l’art de la taille des pierres, et Charles Arpels, négociant en pierres précieuses, ont profondément marqué par leurs connaissances des pierres l’approche joaillière des créations. Les premières oeuvres de Van Cleef & Arpels s’inscrivent alors naturellement dans ce style dit de la « joaillerie blanche », qui se traduit par des compositions strictement monochromes, associant le platine aux diamants et parfois aux perles.
Le négoce du diamant et des perles fine
Tandis que la mise au jour de mines africaines, en 1866, stimule le négoce du diamant, les avancées scientifiques autour des minerais de platine à l’extrême fin du XIXe siècle en favorisent la démocratisation dans les arts joailliers durant les premières années du XXe siècle. De son côté, le marché de la perle connaît un développement notable entre 1870 et 1915 dans la région du Golfe Arabo-Persique. Les échanges commerciaux de la perle fine connaissent une internationalisation grandissante à la fin du XIXe siècle, ce qui permet de répondre à la demande croissante des clientèles londonienne, parisienne et new-yorkaise.1Guillemette Crouzet, « A Golden Harvest : exploitation et mondialisation des perles du Golfe arabo-persique (vers 1870-1910) », Revue historique, n°658, février 2011, p. 327-356.
Le goût pour la joaillerie blanche
L’engouement pour la joaillerie blanche perdure durant tout le XXe siècle. Tout en conservant sa singularité matérielle, à savoir l’association du diamant et du platine, cette esthétique s’adapte aux évolutions ornementales qui marquent chaque décennie. En cela, ce bracelet de 1919 revêt toute son importance : il est le représentant d’un style joaillier majeur et constant.