Bracelet Petites fleurettes
Ce bracelet Petites fleurettes, créé en 1946, illustre le renouveau de l’iconographie florale qui émerge dans les années 1940 mêlant influences du modernisme et arts de la mode.
Deux chaînes serpents en or jaune s’enroulent avec souplesse autour du poignet et sont ornées d’un motif central composé de multiples têtes de fleurs. Les pétales des corolles s’organisent autour d’un cœur en rubis ou en diamant rond. Ils sont formés par un effet de pliage de « tulle » en or jaune et leurs contours sont polis. Cet effet confère aux fleurs à la fois volume et naturalisme. L’usage de très fins fils d’or jaune restitue l’impression d’une délicate trame textile. Des feuilles, au dessin stylisé, viennent compléter l’ensemble. Modelées dans un or jaune poli et soulignées par une nervure en rubis calibrés, elles contrastent avec la texture ajourée des pétales.
Le répertoire floral réinterprété
Si ce bracelet s’inscrit pleinement dans le renouveau du répertoire floral initié à l’aube des années 1940, il se distingue toutefois par l’interprétation singulière qu’il en fait. En effet, « [si les joailliers] se penchent sur la fragilité des fleurs, c’est – comme le montre l’éblouissante collection de Van Cleef & Arpels – pour l’interpréter librement [grâce à l’]exquis travail du tulle d’or, avec lequel le joaillier-artiste façonne des pétales [mais aussi] des jupes de danseuse, des nœuds, des coques1Paule Malardot, « Les beaux bijoux », L’Aurore, 21 décembre 1946, p. 2. ».
La technique du tulle d’or
Cette technique du tulle d’or apparaît pour la première fois en 1942 sur un bracelet également orné de motifs floraux. Mais le tulle agrémente uniquement les fleurs, qui sont serties de rubis, de saphirs et de diamants, comme on peut le voir sur les clips et bagues Tulle d’or.
Ce travail de « tissage » de fins fils métalliques fait écho aux recherches menées à la même époque pour imiter la dentelle sur les clips Nœuds, Chou ou en forme de cocarde. À partir de 1940, les ornements issus du vêtement – tels les rubans, les nœuds et les sequins –, ou inspirés de trames textiles – à l’instar des dentelles –, ou encore de tressages de vannerie, se multiplient.
La persistance du modernisme
Ce bracelet témoigne à la fois de la renaissance du répertoire floral, des emprunts au monde de la couture, mais aussi de la persistance du modernisme de la décennie précédente, avec l’emploi de la maille serpent. Les créations de la fin des années 1930, comme les bijoux Passe-Partout et Silhouette, s’inscrivent dans cette même veine où un certain naturalisme se teinte « d’une adorable pointe de romantisme2Paule Malardot, « Les beaux bijoux », L’Aurore, 21 décembre 1946, p. 2. », comme l’attestent également les bijoux Violette.